Par Nick Holdsworth Yakutsk
Publié le 20 Août 2011
Il pourrait être encore trop tôt pour réserver votre billet de Kings Cross à la station Grand Central à New York, mais la perspective d'un tel voyage en train épique vient franchi une nouvelle étape.
Le Kremlin a donné sa bénédiction dans août 2011 au projet plus de chemin de fer de tous les temps: un 65-mile (106 km) tunnel reliant l'Asie et l'Amérique du Nord sous le détroit de Béring et des lignes de chemin de fer reliant qui permettrait à un voyage en train en douceur entre la Grande-Bretagne aux États-Unis .
L'idée d'un train qui relierait Paris à New York germe dans l'esprit des autorités russes et américaines... Projet fou ou réalité concrète d'ici 2030 ?
Relier la Russie aux Etats-Unis par un passage carrossable sur ou sous le Détroit de Bering était un rêve, un peu fou à l'époque, caressé par le Tsar Nicolas II, en 1905. La Première Guerre Mondiale et la Révolution Russe auront eu raison de cette utopie.. Une utopie qui pourrait, bientôt, ne plus en être une ! En effet, les gouvernements russe et américain viennent de donner leur autorisation pour un projet de tunnel sous le Détroit de Bering, à l'image du tunnel qui passe sous la Manche. Ce tunnel, long de 106 kilomètres, serait quand même deux fois plus long que son pendant franco-anglais. L'information était parue dans le Times (version Londres), le 19 août dernier(1) mais je l'avais laissée passer, la jugeant un peu "farfelue". Cependant, une information du Times est tout sauf farfelue ! La preuve, plusieurs médias francophones la reprenne ce week-end... Une fois ce tunnel percé - on évoque 2030 - l'idée serait de pousser un peu plus loin le Transsibérien (Moscou-Vladivostock) vers la Sibérie, l'Alaska et puis à travers le Canada jusqu'à New York. Cette annonce a été faite, à la mi-août à Yakoutsk, par le Représentant fédéral de l'Extrême-Orient Russe, Aleksandr Levinthal, lors d'une réunion sur le développement des infrastructures du Nord de la Russie. Selon les ingénieurs présents à cette conférence, qui regroupait la Chine, les Etats-Unis, L'Angleterre et la Russie, il n'y a aucune raison technique qui pourrait empêcher la réalisation d'un tunnel sous-marin qui relierait Ouelen (Tchoukotka, Russie) à Nome (Alaska, USA) en passant sous les Îles Diomède. Les économistes se sont dépêchés d'ajouter que le seuil de rentabilité du tunnel pourrait être atteint dès 2045, soit après quinze années d'utilisation.
Débuté voici quelques années, des travaux pour relier Yakoutsk à la voie du Transsibérien sont en phase finale d'achèvement. Le nouvel embranchement devrait être opérationnel en 2013 ce qui rapprochera d'ores et déja le Transsibérien d'Ouelen. Mais par delà la création du tunnel, il s'agira aussi de créer quelque 6000 kilomètres de voies ferrées, en Russie, aux Etats-Unis, au Canada et en Europe pour relier New York à Paris. Selon les premières indications, le trajet devrait se faire, depuis Paris, par Berlin, Moscou, Tynda, Yakoutsk, Ouelen, Nome, le Canada (Yukon, Ontario, Québec) et Montréal pour arriver à New York. Un voyage interminable de deux semaines et, probablement, à un prix exorbitant... Mais, si le transport de passagers n'est pas à exclure, loin s'en faut, c'est au fret que le projet sera dédié. Marchandises, mais surtout pétrole ou gaz très présents dans l'extrême-orient russe, pourraient alors être transportés par voie ferrée. L'ouverture d'un passage sous le Détroit de Bering changera considérablement la donne dans le transport international, un peu à l'image du changement qu'avait initié le Canal de Panamà, en 1914... Le projet est, certes, un peu fou mais n'était-ce pas aussi ce que l'on avait dit de ce même Canal de Panamà lorsque Ferdinand de Lesseps entama le chantier, en 1880, ou encore du Canal du Suez, quelques années plus tôt, voire même du Tunnel sous la Manche, en 1987 ? C'est l'apanage des humains que de mettre en branle des projets un peu fous pour faire avancer l'humanité !
Par ailleurs, ce chantier pharaonique servira aussi à redynamiser une partie de la Russie assez détériorée économiquement. En effet, le gouvernement russe entend profiter des travaux pour créer et tisser des réseaux de fibre optique et d'énergie comme le gaz naturel. La construction de la voie ferrée sera assortie de la mise en place d'une nouveau réseau de routes dans le nord-est de la Russie mais aussi de la réfection (et du repeuplement) de plusieurs dizaines de petits villages de la région. Bref, la Russie entend clairement profiter de la percée d'un tunnel sous le Détroit de Bering pour permettre à tout le quart nord-est de son pays de renouer avec la prospérité ! D'autant plus que cette région proche de l'Arctique regorge de ressources d'énergie fossile encore inexploitées à ce jour...
L'ensemble des travaux est estimé à 70 milliards de dollars dont 12 milliards rien que pour la construction du tunnel sous Bering. Un coût qui sera amorti en quinze ans si la nouvelle voie entre Paris (voire Londres même grâce au Tunnel sous la Manche) et New York parvient à drainer trois petits pourcents du transports mondial de marchandise... Un rêve pas si fou que cela, finalement !
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(1) The train on platform 6 is for Paris, Moscow and New York, par Nick Holdsworth, in The Times, 19 août 2011
Relier la Russie aux Etats-Unis par un passage carrossable sur ou sous le Détroit de Bering était un rêve, un peu fou à l'époque, caressé par le Tsar Nicolas II, en 1905. La Première Guerre Mondiale et la Révolution Russe auront eu raison de cette utopie.. Une utopie qui pourrait, bientôt, ne plus en être une ! En effet, les gouvernements russe et américain viennent de donner leur autorisation pour un projet de tunnel sous le Détroit de Bering, à l'image du tunnel qui passe sous la Manche. Ce tunnel, long de 106 kilomètres, serait quand même deux fois plus long que son pendant franco-anglais. L'information était parue dans le Times (version Londres), le 19 août dernier(1) mais je l'avais laissée passer, la jugeant un peu "farfelue". Cependant, une information du Times est tout sauf farfelue ! La preuve, plusieurs médias francophones la reprenne ce week-end... Une fois ce tunnel percé - on évoque 2030 - l'idée serait de pousser un peu plus loin le Transsibérien (Moscou-Vladivostock) vers la Sibérie, l'Alaska et puis à travers le Canada jusqu'à New York. Cette annonce a été faite, à la mi-août à Yakoutsk, par le Représentant fédéral de l'Extrême-Orient Russe, Aleksandr Levinthal, lors d'une réunion sur le développement des infrastructures du Nord de la Russie. Selon les ingénieurs présents à cette conférence, qui regroupait la Chine, les Etats-Unis, L'Angleterre et la Russie, il n'y a aucune raison technique qui pourrait empêcher la réalisation d'un tunnel sous-marin qui relierait Ouelen (Tchoukotka, Russie) à Nome (Alaska, USA) en passant sous les Îles Diomède. Les économistes se sont dépêchés d'ajouter que le seuil de rentabilité du tunnel pourrait être atteint dès 2045, soit après quinze années d'utilisation.
Débuté voici quelques années, des travaux pour relier Yakoutsk à la voie du Transsibérien sont en phase finale d'achèvement. Le nouvel embranchement devrait être opérationnel en 2013 ce qui rapprochera d'ores et déja le Transsibérien d'Ouelen. Mais par delà la création du tunnel, il s'agira aussi de créer quelque 6000 kilomètres de voies ferrées, en Russie, aux Etats-Unis, au Canada et en Europe pour relier New York à Paris. Selon les premières indications, le trajet devrait se faire, depuis Paris, par Berlin, Moscou, Tynda, Yakoutsk, Ouelen, Nome, le Canada (Yukon, Ontario, Québec) et Montréal pour arriver à New York. Un voyage interminable de deux semaines et, probablement, à un prix exorbitant... Mais, si le transport de passagers n'est pas à exclure, loin s'en faut, c'est au fret que le projet sera dédié. Marchandises, mais surtout pétrole ou gaz très présents dans l'extrême-orient russe, pourraient alors être transportés par voie ferrée. L'ouverture d'un passage sous le Détroit de Bering changera considérablement la donne dans le transport international, un peu à l'image du changement qu'avait initié le Canal de Panamà, en 1914... Le projet est, certes, un peu fou mais n'était-ce pas aussi ce que l'on avait dit de ce même Canal de Panamà lorsque Ferdinand de Lesseps entama le chantier, en 1880, ou encore du Canal du Suez, quelques années plus tôt, voire même du Tunnel sous la Manche, en 1987 ? C'est l'apanage des humains que de mettre en branle des projets un peu fous pour faire avancer l'humanité !
Par ailleurs, ce chantier pharaonique servira aussi à redynamiser une partie de la Russie assez détériorée économiquement. En effet, le gouvernement russe entend profiter des travaux pour créer et tisser des réseaux de fibre optique et d'énergie comme le gaz naturel. La construction de la voie ferrée sera assortie de la mise en place d'une nouveau réseau de routes dans le nord-est de la Russie mais aussi de la réfection (et du repeuplement) de plusieurs dizaines de petits villages de la région. Bref, la Russie entend clairement profiter de la percée d'un tunnel sous le Détroit de Bering pour permettre à tout le quart nord-est de son pays de renouer avec la prospérité ! D'autant plus que cette région proche de l'Arctique regorge de ressources d'énergie fossile encore inexploitées à ce jour...
L'ensemble des travaux est estimé à 70 milliards de dollars dont 12 milliards rien que pour la construction du tunnel sous Bering. Un coût qui sera amorti en quinze ans si la nouvelle voie entre Paris (voire Londres même grâce au Tunnel sous la Manche) et New York parvient à drainer trois petits pourcents du transports mondial de marchandise... Un rêve pas si fou que cela, finalement !
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(1) The train on platform 6 is for Paris, Moscow and New York, par Nick Holdsworth, in The Times, 19 août 2011
Sources:
http://www.thetimes.co.uk/tto/news/world/europe/article3140023.ece
http://acta-diurna.over-blog.com/article-une-voie-ferree-de-paris-a-new-york-83390276.html
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